Pourquoi faut-il regarder FBI Portés Disparus ? (suite)

Pas convaincu par la nouvelle touche féminine de FBI Portés Disparus ? (cf post 22/09) Ok, un peu plus de sérieux cette fois-ci avec les bonnes paroles de Martin Winckler, un type qui en connaît un rayon sur les fictions télé, que je me fais un plaisir de partager sur ce blog…

A partir d’une idée simple (une cellule du FBI est chargée de retrouver des personnes disparues en interrogeant leurs proches et leurs traces informatiques…), Hank Steinberg tisse, lentement mais sûrement, une grande série de gauche sur la très réactionnaire CBS. En s’attachant aux histoires individuelles de citoyens lambda, FBI Portés Disparus dessine avec acuité les contours de l’Amérique d’aujourd’hui. Une Amérique dont les dirigeants, avec leur paranoïa sécuritaire, oublient que la vie des gens continue, avec sa misère, ses violences quotidiennes, ses petites combines et ses grandes catastrophes.
Le plus impressionnant ? Le courage tranquille avec lequel les scénaristes montrent sans pathos le racisme ordinaire, les manipulations des médias ou les inégalités face à la justice. Ils vont jusqu’à critiquer, avec beaucoup d’intégrité, les institutions du pays et le fonctionnement même du service où travaillent leurs « héros », sans oublier de rappeler que les « héros » en question ont eux-mêmes des failles, des peurs et des préjugés. Avec Law & Order et le remarquable Cold Case (diffusé également sur France 2 mais dont l’édition DVD semble bien éloignée), FBI Portés Disparus est la fiction-miroir la plus incisive du moment. Le DVD permet aussi de montrer, grâce au 16/9, que c’est l’une des plus belles séries d’un point de vue cinématographique.

Martin Winckler, Première, n°356, Octobre 2006.